Chaque être humain vit des situations. Ces situations sont interprétées par l'intermédiaire de pensées (auto verbalisations) ou d'images mentales (dialogue intérieur). De ces pensées, croyances et représentations mentales dépendront l'humeur et le comportement de l’individu.
Ainsi si je pense que les autres, "c'est la jungle" ou "c'est l'enfer", il y a peu de chance que je sois décontracté dans les situations où je suis en contact avec l'extérieur. Ce qui est pensé est donc capital.
Ces réflexions de bon sens vous semblent peut-être banales ou évidentes. Mais le traitement cognitif que nous exerçons au cours de la journée est essentiellement automatique : nous fonctionnons selon des schémas automatiques que nous connaissons mal ou auxquels peut-être nous n'adhérons plus totalement. Gérer le stress, c'est aussi observer ces fonctionnements pour pouvoir mettre en valeur puis corriger ce qui dysfonctionne.
Les pensées automatiques
Le cognitivisme est avant tout une science de la pensée.
On analyse donc ce qui, dans les pensées, modes de pensées, dans les croyances, disfonctionne et génère le mal-être.
Penser, chez l’être humain se concrétise, schématiquement de deux manières :
- Pensées automatiques.
Ce mode de pensée n’est pas contrôlé ou conscient.
L’individu est passif. Ses pensées s’imposent à lui-même comme des schémas prédéfinis issus de l’observation (subjective et déformée) par le sujet de lui-même de son environnement et de toutes leurs interactions.
Ex : « ça n’arrive qu’à moi », «de toute façon je vais me planter », «il ne me supporte pas … »
Ce mode de pensée est donc automatique, immuable et constant : la pensée contrôle le sujet.
- Pensées "rationnelles"
Mode de pensée contrôlé et conscient (autant que cela est possible et envisageable). Il s’agit d’une pensée intentionnelle, plus ponctuelle.
Face à un événement, il ne réagit pas automatiquement, il ne se laisse pas influencer par un vécu, des interprétations abusives et mécaniques,
il prend du recul, il recherche une démarche logique et rationnelle : Le sujet contrôle la pensée.
Du choix entre ces deux modes de réponses de la pensée dépend l'équilibre du sujet.
La démarche cognitive propose de s’interroger sur ces pensées automatiques et leur mise en place, pour, dans un second temps les remplacer par des observations plus rationnelles et conformes à la réalité. Le sujet reprend le contrôle de ses pensées et de leur pertinence.
Remettre en cause ses apriori, c’est se permettre de repartir sur de nouvelles bases, de rendre possible le changement, de générer d’autres comportements chez soi et, en interrelation chez les autres.
Repérage 1 : les distorsions
Les distorsions de la pensée sont le fruit d’interférences arbitraires du sujet sur ses pensées. Ces processus bien entendu, nourrissent et aggravent le stress.
Lectures de pensées : l’individu croit savoir ce que les autres pensent sur lui-même.
Ex : « Ils me prennent pour un imbécile »
Affirmation sans preuve : ce sont la plupart du temps des prédictions aléatoires, à forme négative.
Ex : « De toute façon, on ne va pas y arriver »
Maximalisation et minimalisation : Tendance à surestimer les échecs, à sous estimer les réussites.
Ex : «Là, de toutes façons, c’était trop facile. Tout le monde pouvait le faire. »
Généralisations abusives
Ex : « les hommes sont des... » « C’est toujours comme ça ! »
Tout ou rien :
Ex : « on n’existe que si on gagne»
Déduction abusive ou sélective : tendance à ne retenir que ce qui sert l’idée anxiogène, en le sortant de son contexte.
Ex : « Il ne m’a pas passé le doc.tu vois qu’il ne m’aime pas »
Personnalisation excessive des événements : ramener les événements à soi.
Ex : «Tout ce qui arrive est de ma faute»
Repérage 2 : la flèche descendante
Intéressante, cette technique montre la tendance du sujet stressé (et anxieux) à choisir l’option la plus défavorable ou pessimiste. Cette démarche cognitive est d’ailleurs tellement développée que l’individu n’envisage plus que cette hypothèse catastrophiste. Il se focalise sur une des facettes de la réalité qui s’offrent à lui.
La flèche descendante est une technique de découverte par le sujet de ses schémas cognitifs de fonctionnements. La vision plus globale des hypothèses permet de recadrer le regard qu’il porte sur le monde.
Repérage 3: vos habitudes cognitives
Recopiez, et remplissez ce tableau.
Situation |
Pensée - type de distorsion |
Emotions - comportements |
Pensées alternatives |
Exemple : En arrivant au bureau |
"Je ne vais jamais y arriver" Déduction abusive |
Panique découragement. Comportement hyperactif |
"Je peux demander de l'aide" |
Remplissez au cours de la journée, des situations, puis examinez le tableau à tête reposée. Vous allez vite vous rendre compte des distorsions que vous "collez" sur les situations.
Guettez également vos manières de penser en flèche descendante. Ce n'est pas la réalité que vous vivez qui pose problème, mais ce que vous pensez de cette même réalité.
Vous êtes assailli par des pensées automatiques, stressantes qui provoquent vos émotions et comportements. Après avoir constaté l'inadaptation de ces pensées, cherchez d'autres pensées, plus adaptées à la réalité et moins anxiogènes, d'autres réponses au problème posé. Inscrivez-les dans la dernière colonne.
Ne laissez pas la pensée anxieuse prendre le monopole : vous vivez ce que vous pensez. Décidez de ce que vous pensez, vous déciderez de ce que vous vivez.
Elimination des croyances négatives qui alimentent en stress
J’identifie mes pensées toxiques : Je les remplace par des pensées antidotes :
- Je suis nul. - Je suis compétent dans tel domaine, dans tel autre je peux apprendre.
- Tout doit être parfait, on ne me passera aucune erreur. - Je progresse par essais et erreurs, normal !
- Si je refuse je vais lui faire de la peine. - J’ai le droit de dire non à la demande mais oui à la personne.
- J’ai besoin de dépendre de quelqu’un de plus fort que moi. - Je suis adulte et autonome.
- Je ne vais pas y arriver, je ne suis pas à la hauteur. - Je peux le faire, je suis capable de réussir.
Etc.… Etc.…